Rwanda : donner aux jeunes les moyens de communiquer pour la paix

9 juin, 2021
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Credits: Interpeace

Les jeunes ont joué un rôle important dans la promotion d'un récit qui défend la paix, la réconciliation et la guérison sociétale au Rwanda, depuis le génocide de 1994 contre les Tutsis. Les former à bien communiquer est essentiel pour s'assurer qu'ils se sentent plus responsabilisés et puissent participer activement à la construction de leur propre avenir.

Le 26 mai 2021, Interpeace et ses partenaires ont formé quelque 42 jeunes du district de Bugesera au Rwanda pour qu'ils aiguisent leurs capacités de réflexion critique et les ont dotés des compétences en communication dont ils ont besoin pour promouvoir la paix et la réconciliation.

« Les jeunes ont énormément participé au génocide de 1994 contre les Tutsis, principalement parce qu'ils n'étaient pas informés et manquaient de capacités d'analyse. Le régime au pouvoir à l'époque a profité de l'occasion pour les nourrir d'une idéologie haineuse et génocidaire », a expliqué Hugues Mugemana, formateur principal et directeur des communications de Rwanda We Want – une organisation d'autonomisation des jeunes. explained Hugues Mugemana, the lead trainer and Director of Communications at Rwanda We Want - a youth empowerment organisation.

Pendant le génocide contre les Tutsis et la période précédente, les jeunes n'avaient pas la capacité d'analyser correctement l'information. En conséquence, ils se sont nourris d'idées haineuses et génocidaires auxquelles ils ont cru sans se poser de questions. Cette situation les a exposés à des manipulations qui ont eu de graves répercussions, car ils se sont fortement impliqués dans les massacres qui ont eu lieu pendant le génocide. Cette formation à la communication était donc très importante pour les jeunes du Rwanda post-génocide afin d'éviter une répétition de ce qui a eu lieu dans le passé.

« Les médias sociaux, sur lesquels les jeunes comptent [principalement] comme moyen de communication, les exposent à de nombreuses informations, [dont certaines peuvent être préjudiciables]. Cet atelier les a aidés à analyser et à traiter de manière critique ces informations pour prendre des décisions éclairées qui diminuent leurs chances d'être manipulés dans des actions préjudiciables à eux-mêmes et à leurs sociétés », a déclaré M. Mugemana.

L'atelier a été organisé par Interpeace en partenariat avec le district de Bugesera et en collaboration avec Rwanda We Want, dans le cadre du programme pilote de guérison sociétale dans le district de Bugesera, financé par l'Union européenne (UE).

La formation répondait à l'un des objectifs du programme, renforcer la capacité des jeunes à recevoir, traiter et digérer les séquelles du génocide contre les Tutsis ; et de les transformer d'une manière positive qui les aide à gérer les traumatismes et à développer une compréhension commune pour construire un avenir pacifique et inclusif.

« Des études empiriques et des expériences antérieures ont révélé des héritages transgénérationnels du génocide contre les Tutsis. Cette formation a renforcé la capacité des jeunes à penser de manière critique et à exploiter les canaux de communication modernes pour communiquer pour la paix, avoir un impact dans leurs communautés et aider à lutter contre la désinformation », déclare le responsable de programme chez Interpeace Rwanda, Ernest Dukuzumuremyi.

Au cours de l'atelier, animé par des jeunes de Rwanda We Want, les participants ont discuté de l'importance de s'inspirer des expériences des jeunes pour communiquer plus efficacement pour la paix.

« La formation m'a doté de nouvelles compétences dont j'ai besoin dans ma vie quotidienne. En tant que communicateur actif sur les réseaux sociaux, j'ai appris comment je peux les appliquer pour promouvoir la paix, l'unité et la réconciliation », a déclaré Osée Nkurikiyimana, l'un des stagiaires.

La formation a fourni aux participants les compétences dont ils ont besoin pour promouvoir la paix et vaincre la haine et la tromperie, car ils créent un impact positif dans la société rwandaise. Le maire du district de Bugesera, Richard Mutabazi, a encouragé les représentants des jeunes à utiliser les compétences acquises lors de l'atelier pour communiquer plus efficacement et lutter contre la désinformation.

Pour sa part, le représentant d'Interpeace Rwanda, Frank Kayitare, a parlé de l'importance de bien communiquer pour prévenir les comportements violents. Il a conseillé aux stagiaires d'être confiants dans le partage de l'information mais d'en évaluer d'abord l'exactitude et la crédibilité.

L'accent a été mis sur le rôle des médias sociaux pour unir les gens, réduire la stigmatisation et les stéréotypes ainsi que faire progresser la coexistence pacifique.

Eleanor Friel, qui a représenté l'ambassadeur de l'UE au Rwanda lors de la séance d'ouverture, a félicité Interpeace et Rwanda We Want pour l'organisation de cet atelier de communication pour la paix dans le district de Bugesera. Elle a rappelé aux stagiaires que la communication est très importante dans la vie quotidienne et pour la consolidation de la paix.

Notre programme de guérison sociétale au Rwanda renforce les capacités des communautés grâce à une approche innovante et holistique pour accroître les investissements dans la santé mentale, lutter contre les traumatismes et faire progresser la cohésion sociale. Le programme est financé par l'UE à travers son instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP).

Credits: Interpeace